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Posez vous un instant et prenez le temps de penser à l'absurdité de tout ceci.
Tentez de saisir à pleines mains l'ombre, le principe même du paradoxe de l'existence. Regardez autour de vous. 
Bâtiments, murs et ciel ne font plus qu'un et ont rejoint la nature au rang de paysage. Hommes et animaux enfermés, ensystemés ; étudiés et appréhendés. Compris au point d'être normalisés puis standardisés.
Regardez les.
Rien ne vous choque ?
Choquez vous.
Et, en une respiration soudaine, il vous viendra, comme une averse, l'épiphanie de l'interrogation.

Quelle folie insensée que celle du poète qui un jour scénarisa la Vie ? Quel miracle d'orfèvrerie a bien pu transformer le hasard en destin ? Pourquoi l'homme, pourquoi la vie, et surtout : pourquoi comme ça ? Si elle est, fut et sera, tout et toutes choses, partout et tout le temps ; alors qu'est-ce que l'existence sinon qu'une expérience qui se teste elle même ?

Rien ne vous choque n'est-ce pas ? Vous comprenez peut-être, mais je sens que vous ne le vivez pas encore.

Prenez une personne de votre entourage - n'importe laquelle, amie ou inconnue - et regardez la. Ou plutôt, regardez ses chaussures. Regardez son sac. Son téléphone. Laissez votre regard glisser sur les choses tandis qu'une étrange sensation, celle de l'incompréhension, s'empare de votre esprit. A l'instar de vous, chacun de ces objets possède une histoire ; peut-être plus courte, probablement moins colorée. Mais une histoire tout de même. Un jour, un homme a pensé cet objet, l'a conçu. L'idée même de cet objet a probablement obsédé d'autres hommes jusqu'à la fin de sa conception, de sa marchandisation. Puis d'autres hommes encore ont acquis cet objet. Puis l'ont revendu. Jeté. Pour que finalement il finisse, à cet instant précis, entre les mains de celui oui celle qui le tient.


Depuis l'esprit de son créateur, jusqu'à vos mains, en passant par celles de ceux qui l'ont assemblé, de ceux qui l'ont vendu ; cet objet a eu une vie car il a une histoire.

Une magie est à l'oeuvre, en vous, et autour de vous. Car le monde regardé sous cet oeil perd le voile que le monde des Idées lui appose. Ce regard permet de saisir l'absurdité à pleines mains : quelles que soient les petites choses, elles en contiennent toujours des plus grandes. Et les percevoir ne dépend que de votre capacité à sortir de vos zones de confort pour vous ouvrir à elles. Alors, ces choses ne sont plus que des bouts de matières, les hommes des morceaux de vivant. Plus rien n'a d'important sinon que la mélodie du vent.
Mais l'orchestre incroyable, l'engrenage parfait sans fin faisant d'un tout de particules, un bien ; demeure immuable. Et regarder une chaussure, revient finalement à s'émerveiller éternellement du chemin parcouru, depuis l'aube du monde jusqu'à aujourd'hui. 

A déconstruire par petits bouts la banalité du monde et de l'existence, pour trouver, dans un lacet, le morceau d'une histoire. Le sentiment profond de la Vie.

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